La masse graisseuse d'un enfant évolue tout au long de sa croissance. Si elle est en excès, on parle d'obésité infantile. Comment la déceler, la comprendre et la vaincre ? On vous dit tout !
Déceler l'obésité infantile
Obésité infantile et courbe de croissance
Contrairement à la prévalence de l'obésité chez l'adulte qui ne cesse de progresser, l'obésité infantile stagne depuis une vingtaine d'années dans la majeure partie des pays développés (mais elle augmente dans ceux en voie de développement)*. Or, pour déceler l'obésité infantile, l'IMC n'est pas toujours révélateur même si on considère que le suivi de la corpulence doit se faire sur la courbe d’IMC, et non sur celle du poids.
À noter que l’Espagne, la Grèce, l’Italie et le Portugal ont enregistré une baisse de la prévalence de l'obésité infantile entre 2010 et 2020. Toutefois, malgré une baisse de 5 à 10 points de pourcentage, la prévalence du surpoids et de l’obésité reste élevée dans ces pays.
Pour savoir si un enfant est en surpoids ou obèse, il faut se référer aux courbes de croissance présentes dans le carnet de santé, sachant que ces courbes de croissance ne sont pas les mêmes pour les filles et les garçons.
Le percentile
Pour dépister l'obésité infantile, les médecins et pédiatres peuvent calculer le percentile d'un enfant. Le percentile est la position d'un enfant par rapport aux autres enfants du même âge et de même sexe.
- Si un enfant se situe en deçà du 5e percentile, il est en sous poids.
- Si un enfant se situe entre le 5e et le 85e percentile, il a un poids forme.
- Si un enfant se situe entre le 85e et le 95e percentile, il est en surpoids.
- Si un enfant se situe au-delà du 95e percentile, on parle d'obésité infantile.
Comprendre l'obésité infantile
Origines de l'obésité infantile
L'obésité chez l'enfant n'est pas la même maladie que chez l'adulte. Il s'agit de deux situations différentes puisque chez l'enfant, le rôle de la génétique est prépondérant.
Ainsi, les femmes obèses avant d’être enceintes auraient 264 % de risques en plus de donner naissance à un enfant qui sera lui-même obèse.
De plus, on a longtemps estimé que l'obésité infantile était majoritairement due à :
- un manque d'exercice, trop de temps passé derrière les écrans ;
- une alimentation inadaptée à l'âge et aux besoins de l'enfant ;
- de mauvaises habitudes familiales.
Mais en réalité, une étude menée chez plus de 200 000 jumeaux a montré que l'effet de l'environnement était quasi nul à partir de 9 ans et que les facteurs génétiques prédominaient toute la vie, bien que leur influence diminue avec l'âge.
Ainsi, comme l'a indiqué le Dr Marc Bellaiche lors du point presse des JFHOD (journées francophones d’hépatogastroentérologie et d’oncologie digestives) 2019, « la majorité des enfants n'ont aucun risque de devenir obèse, quelle que soit leur alimentation, quel que soit le niveau de leur activité physique. Quant aux enfants obèses, ils sont programmés pour avoir un poids excessif ».
Les conséquences de l'obésité infantile
Les conséquences de l'obésité infantile sont les mêmes que pour l'obésité chez l'adulte. Toutefois, les complications somatiques graves sont très rares chez l'enfant obèse.
Un enfant obèse ne développe :
- un diabète que dans 5 ‰ des cas ;
- une stéatohépatite sévère que dans 3 ‰ des cas ;
- de l'arthrose (une lyse de la tête fémorale) que dans 4 ‰ des cas ;
- des maladies cardiovasculaires (une HTA nécessitant un traitement) que dans 3 ‰ des cas.
En revanche, l’augmentation de l’IMC chez les adolescents a été étroitement associée au risque de cardiomyopathie, notamment dilatée. Ainsi, un IMC ≥ 35 kg/m2 multiplierait par 8 le risque de cardiomyopathie à l’âge adulte et chaque kg/m2 en plus a été associé à une majoration de ce risque de 15 %.
De même, les jeunes hommes ayant l’IMC le plus élevé à 18 ans présenteraient 3,5 fois plus de risque de faire une crise cardiaque avant 65 ans que les autres.
On retrouve aussi une augmentation du risque de carence martiale (anémie par manque de fer) chez les enfants de un à trois ans dont les indices de masse corporelle sont les plus élevés. Cela pourrait être dû à l'augmentation de synthèse de l’hepcidine, une cytokine pro-inflammatoire produite par le foie et le tissu adipeux, qui contribuerait à réduire la charge en fer.
En revanche, tous ces risques sont réels à l'âge adulte si l'obésité n'a pas été corrigée dans l'enfance. Or, il apparaît que si l'obésité infantile n'est pas prise en charge avant les 8 ans de l'enfant, ce dernier a 75 % de chance d'être obèse à l'âge adulte.
Contrairement à l'adulte, les complications de l'obésité infantile sont principalement psychosociales.
Vaincre l'obésité infantile
Vaincre l'obésité infantile est plus facile que vaincre l'obésité chez l'adulte. Chez l'enfant, le régime est proscrit.
On sait aujourd'hui que la prévention éducationnelle de l'obésité de l'enfant est inefficace, de même que la prévention de l'obésité dans les familles défavorisées. La prévention précoce pourrait même conduire à des effets paradoxaux de prise de poids.
Pour vaincre l'obésité infantile, il faut davantage se concentrer sur l'amélioration de la qualité de vie immédiate sans se préoccuper de l'avenir : avant de faire maigrir un enfant obèse, il faut déjà lui permettre de se sentir mieux dans sa peau.
Un enfant ne doit pas perdre de poids, mais maintenir son poids. Sa silhouette s'affinera au fil de sa croissance et sa masse graisseuse diminuera. De plus, il faut savoir attendre que sa motivation soit suffisante pour, plus tard, supporter les contraintes d'un régime.
Si la prise en charge de l'obésité infantile est impossible dans son environnement familial, il sera proposé à l'enfant de s'éloigner de sa famille et de partir dans un centre pour obèses.
Par ailleurs, le dispositif « Mission : retrouve ton cap » est destiné à améliorer la prise en charge des enfants en surpoids et à risque d’obésité âgés de 3 à 12 ans. Un médecin suit l’enfant et propose à sa famille des mesures d’accompagnement personnalisées et pluridisciplinaires.
Le parcours de prévention réalisé par les centres et maisons de santé est composé d'un panier de soins, soumis à prescription médicale, qui comprend :
- un bilan d'activité physique (seuls 53 % des enfants passent au moins 2 heures par semaine à pratiquer une activité physique) ;
- un bilan et des séances de suivi diététique (seuls 43 % des enfants consomment quotidiennement des fruits frais, 34 % des légumes et 75 % des enfants prennent un petit-déjeuner tous les jours, tandis que 3 % n’en prennent jamais) ;
- un suivi psychologique réalisé par des professionnels de santé ou des psychologues salariés ou prestataires des centres et maisons de santé.