Probiotiques contre l’obésité

Rédigé par des auteurs spécialisés Ooreka

Sommaire

Le surpoids et l'obésité concernent une part croissante de la population, avec des conséquences sur la santé parfois très sévères. La recherche de solutions pour les contrecarrer représente un enjeu de santé public important, et l'un des pistes explorées est liée au rééquilibrage de la flore intestinale, dont la nature semble intimement liée à la prise de poids.

Le point dans notre astuce.

Flore intestinale, alliée de notre organisme

Notre système digestif héberge une grande diversité de microbes, qui vivent en symbiose avec notre organisme pour lui permettre d'accomplir certaines fonctions. Cette flore intestinale est nommée le microbiote.

Une grande variété de microbes bénéfiques

Le microbiote est principalement composé de bactéries, qui appartiennent à différents groupes. Les principaux sont :

  • les bacteroidetes : Bacteroïdes, Prevotella... ;
  • les firmicutes : Peptostreptococcus, Clostridium, Enterococcus, Lactobacillus, Ruminococcus... ;
  • les actinobactéries : Bifidobacterium... ;
  • les protéobactéries : Helicobacter, Escherichia, Desulfovibrio...

Les Euryarchaeota, des archées « cousines » des bactéries, peuplent également le tube digestif.

Chaque individu possède un ensemble particulier d'espèces, qui déterminent son profil bactérien.

Une action multiple

La flore intestinale intervient à plusieurs niveaux :

  • elle participe au processus de digestion, permettant notamment la fermentation des fibres alimentaires, à l'assimilation des nutriments, à la production de certaines vitamines ;
  • elle protège l'organisme contre les agressions des organismes pathogènes (action immunitaire) ;
  • elle influerait directement sur notre tension et la qualité de nos artères.

Rappelons aussi que l'intestin est le deuxième système nerveux de notre organisme.

Lien entre flore intestinale et obésité

Au cours des dernières décennies, des scientifiques ont pu montrer le lien étroit entre la composition de la flore intestinale et le poids des individus. Les personnes souffrant d'obésité ont un microbiote différent du reste de la population.

Des souris trop maigres !

Une partie des études a été réalisée sur un modèle animal, des souris complètement dépourvues de flore intestinale, qualifiées d'« axéniques ». Pour survivre, elles doivent être préservées du monde extérieur car elles sont incapables de se défendre des microbes.

Les chercheurs ont d'abord constaté que ces sujets ont besoin de consommer 30 % de calories de plus que les animaux normaux pour maintenir un poids constant, et qu'ils sont en moyenne plus maigres que les autres.

Ils se sont ensuite livrés à des expériences consistant à transférer de la flore intestinale à ces souris :

  • lorsque le microbiote était prélevé chez des souris de poids normal, les souris axéniques gagnaient rapidement du poids pour se stabiliser à une masse corporelle normale ;
  • lorsque le microbiote était issu de souris obèses, elles ont à leur tour développé un surpoids.

Un profil bactérien modifié en cas d'obésité

Les observations chez l'animal, puis chez l'homme, ont révélé que les modifications de composition de la flore intestinale concernent les deux groupes principaux de bactéries :

  • la quantité de firmicutes est supérieure chez les patients obèses à celle observée chez les sujets de poids normal ;
  • au contraire, la quantité de bacteroidetes est plus faible.

Les micro-organismes présents chez les personnes obèses sont capables d'extraire d'avantage d'énergie des aliments ingérés, ce qui augmente la quantité de graisses stockée. Au final, c'est cette mauvaise flore intestinale qui empêche ces patients de maigrir.

Inflammation et diabète de type 2

Le microbiote pourrait également être impliqué dans l'une des complications de l'obésité : le diabète de type 2. Les personnes souffrant de surpoids présentent une inflammation liée à l'infiltration de cellules immunitaires, les macrophages, au sein des tissus adipeux. Les scientifiques ont constaté que des composants de la paroi de certaines bactéries, libérés lorsqu'elles sont dégradées, contribuent à cet état inflammatoire.

L'inflammation entraîne une résistance à l'insuline, hormone qui régule la quantité de sucre dans le sang, contribuant ainsi à l'apparition de cette affection.

Utilité des probiotiques contre l'obésité

Ces découvertes offrent de nouvelles pistes pour combattre l'obésité. Il serait ainsi possible, en rééquilibrant la flore intestinale, de faciliter la perte de poids.

La nature du régime alimentaire a une influence sur le profil bactérien : une alimentation riche en fibres permet le développement des « bonnes » bactéries.

La prise de probiotiques pourraient contribuer à restaurer l'équilibre du microbiote. Les probiotiques sont des bactéries ou levures qui sont ingérées vivantes, sous forme de suppléments alimentaires ou par l'intermédiaire d'aliments fermentés, qui exercent une action bénéfique sur notre organisme.

Aussi, quelques huiles essentielles semblent agir comme des probiotiques en rééquilibrant la composition de la flore intestinale : orange douce, lavande fine, origan, géranium Bourbonet, cardamome. Elles s'utilisent en massage à raison de quelques gouttes mélangées à 5 ml d'huile d'amande douce à appliquer en massage au niveau du bas-ventre.

Plusieurs études ont montré la capacité des probiotiques à favoriser la perte de poids.

  • Une étude finlandaise portant sur 256 femmes enceintes, a montré que celles ayant reçu pendant douze mois des gélules de Lactobacillus et de Bifidobacterium souffraient moins fréquemment d'obésité abdominale un an après leur accouchement que les femmes qui recevaient un placebo.
  • Une équipe de recherche de l'Institut Pasteur de Lille a obtenu des résultats encourageants sur l'utilité d'un probiotique, la bactérie Lactobacillus salivarius, sur le pré-diabète, grâce à son pouvoir anti-inflammatoire.
  • Une équipe de l'Université Catholique de Louvain s'est quant à elle penchée sur la bactérie Akkermansia muciniphila. Son administration à des souris obèses s'est traduite par une perte de poids et par une diminution des signes traduisant la présence d'un diabète de type 2.
  • La littérature décrit une prévalence de la migraine multipliée par 1,5 chez les personnes obèses par rapport aux personnes de poids normal. Or, des travaux suggèrent que la supplémentation en probiotiques module la survenue des crises migraineuses, peut-être en luttant contre les mécanismes inflammatoires induits par l'obésité.
  • Autre option très intéressante : la transplantation du microbiote fécal (TMF). De nombreux pays ont recours à cette technique pour traiter entre autres divers troubles intestinaux (maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, troubles fonctionnels intestinaux, etc.) et l'obésité. La TMF consiste à transférer des selles dʼun donneur sain dans le tube digestif dʼun patient receveur pour rééquilibrer sa flore intestinale. En pratique on utilise des gélules préparées sous la responsabilité dʼune pharmacie à usage intérieur (PUI) dʼun établissement de santé et l’ANSM recommande un délai de 14 jours entre le premier prélèvement fécal destiné au dépistage d’agents pathogènes et le second, destiné au receveur. Toutefois, pour le moment, en France, la seule indication permettant de bénéficier d'une TMF est l'infection récidivante à Clostridium difficile.

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